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dimanche 27 janvier 2013

Ligue 1: Saint-Etienne- Bastia... 3-0... Deuxième but signé Aubameyang!

mercredi 9 janvier 2013

LORD EKOMY NDONG se dévoile encore un peu plus...



  • Ekomy Ndong Mba Meyong, alias Lord Ekomy Ndong, est un artiste gabonais qui manie le verbe comme personne. Véritable panafricaniste, amoureux des cultures africaines en général et celles du Gabon en particulier, Lord Ekomy a su les marier avec la culture urbaine: le Hip Hop.  A 35 ans bien sonné, il a déjà écrit une belle partie de son histoire artistique! Chanteur engagé, Lord Ekomy a été élu meilleur artiste d'Afrique centrale aux derniers Koras ( les prestigieux Trophées de la musique africaine). Lord Ekomy Ndong a donc décidé de commencer cette nouvelle année sur D'ACTU, en se prêtant au jeu du portrait en "10 mots chrono"




    ENFANCE 
    Je suis né à Port Gentil, capitale économique du Gabon.
    J'y ai passé la première partie de mon enfance, jusqu'à 8 ans dans un cadre relativement aisé
    avant ce que mes frères et moi appelons affectueusement "le crash", c'est à dire notre atterrissage en catastrophe à Libreville où le contexte d'entrée de jeu sera totalement différent.
    En arrivant à LBV,  à Lalala-à-gauche chez mes grands-parents maternels, je passe brutalement d'un milieu social à un autre avec l'écart que ça implique dans les modes de vie.
    Là donc j'ai connu d'autres réalités contrastant avec port-gentil où on était finalement des "petits blancs" comme on dit chez nous. Fini l'eau chaude, la clim etc. Bienvenue les planches , les trous dans les tôles qui laissent passer la pluie, etc.
    Ça a été clairement plus difficile mais le contexte familial élargi était bien plus chaleureux.
    J'y ai grandi avec ma grand-mèrere, ses enfants et ses petits enfants, donc il y avait du monde.
    Sur le plan scolaire j'étais plutôt bon élève sur tout mon parcours, du primaire a l'octra jusqu'au lycée Léon Mba.
    Mon père est de ceux qui ont introduit le Karaté Shotokan en Afrique donc c'est un des traits principaux de mon parcours et de mon éducation.
    A Libreville, Ma grand-mère qui m'appelait "Senghor" initiait et soignait à la façon traditionnelle.
    Son mari était un bon Beti Ngoma, c'est a dire un joueur de Harpe comme on peut les entendre dans les ngozé, ces veillées des rites traditionnels de chez nous.
    Tous ces petits éléments ressortent finalement aujourd'hui dans ce que l'on connait de moi et de ma musique.
    FAMILLE 
    Dans notre culture fang, la famille c'est la base. Je n'existe pas sans mes parents. je n'existe pas sans mes enfants. et vice versa. J'ai moi même grandi avec grand-mère, tantes, oncles, frères et soeurs, donc j'ai naturellement hérité de cette vision là. Si l'on doit parler d'une personne centrale je citerai ma mère qui comme beaucoup d'autres au Gabon aujourd'hui a finalement élevé seule ses 5 enfants.




    GABON
    Le Gabon, c'est mon pays. il represente les couleurs que je défends et que je represente.
    Mais j'ai une vision beaucoup plus large que les dangereuses frontieres artificielles et fausses du Gabon.
    Une vision qui englobe le reste de l'Afrique dite Noire et sa diaspora.
    Je ne peux pas m'arrêter aux amputations que les colons ont opéré hier en disant:
    "vous,  vous êtes désormais gabonais, vous par contre vous êtes camerounais quant a vous ... vous êtes désormais brésiliens, jamaicains, etc".
    Ne pas regarder nos réalités à la lumière de l'histoire même récente nous condamne à être enfermés dans une cécité avec laquelle on s'est malheureusement habituée.
    L'état dans lequel nos pays se trouvent est lié à cela, à mon humble avis. Tout est à l envers. Les pays les plus riches de la terre en matières premières (comme le Gabon) voient leurs habitants connaitre une misère sans nom. Ceux qui ont tout donné à l'occident, leur pétrole, leur coltan, leur uranium, leur bois, etc... et même leurs enfants et leur sang pendant la traite négrière , on leur exige avec effronterie de rembourser une dette ?
    Notre fonctionnement actuel se résume au syndrome de stockholm. Les exemples pourraient être nombreux, mais le tout est de dire que je pense que l'état de l'Afrique demande qu'elle renoue avec son propre paradigme, c'est a dire une façon de fonctionner et d'envisager le monde qui lui appartient.



    MUSIQUE 
    En réalité chez nous tout le monde chante un peu. Voici un peuple qui a des chansons et des danses pour toutes les occasions de la vie.
    La naissance, la mort, les évènement les plus heureux comme les plus tristes. Petit on chante en mangeant non? On a même des chants pour se battre, pour pleurer, dans nos traditions. C'est donc dans ma culture de chanter et de conter.
    Ce reflexe s'est juste  adapté à notre époque. Et Le Hip Hop est une des formes qui dans mon cas correspond le mieux.
    Mes principales influences sont donc principalement urbaines et traditionnelles. d'un coté il y a le mvet , les contes, nos rythmes et nos instruments qui me parlent. De l'autre il y a la culture de la rue et le hip hop qui elle aussi a créé ses codes, une facon de parler, de danser, d'ecrire, de conter etc.
    INFLUENCE

    Difficile à dire. Ma mère. Mon père. Mes Frères/Soeurs.
    La première est un modèle, le deuxième un grand maître, les troisièmes m'ont tout appris.
    Marcher, compter, lire , dessiner, etc.
    À ça s'ajoute tout un panthéon de personnages réels que je m'invente à l'intérieur de moi-même.
    Ils sont tous plus forts les uns que les autres et leurs histoires m'enseignent tout, comme dans le Mvet.



    FEMME
    Ce que je pense de la femme... Grande question!
    Voilà. Dans mon petit-monde. On est à peine 2. Un Homme, Sa Femme.
    Mais un Oiseau m'a recemment dit que C'est dans ma capacité à manager ce petit monde là que je verrai mes chances d'affronter le reste du Monde, qui lui est encore plus grand, au delà de mes bonnes intentions.
    Suis je "un homme à femmes ou plutôt fidèle? "Je suis un homme-à-femmes fidèle.
    Mais souvent tout ce que j'ai pu penser d'une femme était totalement faux donc, j'apprends tous les jours à ce sujet là. C'est peut être bien mon apprentissage le plus long jusqu'ici au vu de ce que ça me demande comme remise en question, Humilité, Calme, Patience, Responsabilité et bien d'autres grands mots.
    BI SE FE NALE 
    Bi Se Fe Nale est je pense le texte que j'ai écrit le plus rapidement dans ma carrière.
    Je l'ai écrit dans ma tête pendant qu'une amie me nattait. donc une heure a peine.
    Une fois tressé, je l'ai persuadée de me prêter sa voix pour le refrain et ai enregistré mes couplets dans la foulée.
    La musique elle même datait de 2003 et le texte s'inspire de mon enfance.
    Je pense notamment à toutes ces fois où j'étais embarrassé lorsque l'on me parlait fang,
    J'essayais de deviner ce que l'on me disait vu que je n'y comprenais rien.
    La seule chose que je connaissais sur le bout des doigts c'était mon arbre généalogique,
    en réponse à une question classique de chez nous: " ô ne mone nza ayong ?"  qui est une invitation traditionnelle à décliner son identité.
    Les choses ont changé depuis. C'est ce qui explique le titre "Bi Se Fe Nale" qui, en langue fang signifie "Nous ne sommes plus de ce genre là".
    J'y parle donc du fait que l'on soit en voie de déracinement complet.
    J'y décris les jeunes générations africaines comme ignorant presque tout d'elles même.
    C'est cette chanson qui a fait l'objet de mon kora award du meilleur artiste masculin d'Afrique centrale en 2012 à Abidjan.



    KORA 
    Je ne m'y attendais pas. je ne me suis pas inscrit au kora. Je ne m'y intéressais même pas à vrai dire. Et puis avec la musique que je fais, parfois jugée trop "consciente" au milieu de 4 artistes majeurs congolais beaucoup se sont dit que c était peine perdue... Mais c'est une reconnaissance du parcours que ma musique a tracé depuis tout ce temps. C'est une bonne façon de souligner les vingt ans de movaizhaleine. Et surtout je suis heureux de la fierté que les miens me manifestent. Aussi bien ma mère par exemple qui en a été vraiment fiere, que les nombreux supporters de movaizhaleine qui m'ont hissé au sommet en quelques heures en votant pour Moi. Donc encore une fois merci. Ce kora est le leur et il vient couronner une bonne liste de nominations aux Bafafons awards, les MTV awards, les oscars de la musique gabonaise, les gabao hip hop awards, etc...
    MOVAIZHALEINE
    Movaizhaleine est le groupe que je forme avec mon frere Maât Ledit "Seigneur Lion".
    C'est aujourdhui l'un des groupes de hip hop les plus anciens à l'échelle de l'Afrique et du Gabon.
    On s'efforce à rester fidèle à la vision du hip hop qu'on pouvait encore percevoir à la fin des années 90.
    C'est à dire une force d'expression musicale noire, une culture urbaine de crise mais aussi un moyen alternatif de communiquer avec sa communauté.
    Par exemple c'est dans des textes de rap de l'époque que j ai connu le nationalisme noir américain, les Malcolm x , les Black Panthers et les réalités racistes dans lesquelles les africains américains étaient plongés. De la même manière,  le rap de movaizhaleine témoigne de la culture et de l environnement africains actuels. Notre combat s'y retrouve. De même que nos espoirs, nos rêves, notre histoire, notre fierté, notre cri. D'où le logo de movaizhaleine, une pierre de Mbigou à l'effigie d'un guerrier d'antan qui hurle vers le ciel.



    On a donc à notre actif 4 albums studio, des centaines de dates dans le monde et un label (zorbam produxions) qui lui même a produit une quinzaine de disques au Gabon.

    ENGAGE
    Engagé pour nous signifie qu'on est lancé dans une lutte et que notre musique y est impliquée.
    Les rêves et les complaintes qui sont les nôtres sont consignés dans nos textes et nos mélodies.
    Engagé aussi parce que ma musique me permet d'agir directement sur mon environnement de façon concrète.
    En janvier 2013 le magazine Jeune Afrique nous classait parmi les acteurs influents et les "50 personnes qui font le Gabon".
    Pour la rentrée scolaire 2011 ma musique et son engagement nous a permis d'adopter une école primaire au Gabon.
    Elle a été totalement rénovée, remise sur pied et les frais de fonctionnement sont pris en charge pour une durée indéterminée dans le cadre du deal que l'on a signé avec un opérateur local.
    Enfin, nos textes de movaizhaleine font l'objet de cours magistraux annuellement à l'amphitheâtre du lycée technique national Omar Bongo pendant que d'autres sont présentés au baccalauréat.
    voilà. Notre musique est un moyen de participer ...
    Y a t-il un mot qui vous correspond et que nous n'avons pas évoqué?

    J'aurais rajouté 2 mots:
    Le premier serait INTÉGRITÉ .
    Parce qu'il renvoie à un mode de fonctionnement en voie de disparition.
    Je vois venir une génération à qui l'ont fait croire que tous les moyens sont bons pour arriver à des objectifs matériels basiques.
    J'en parle dans le titre "le wé là". Et je m'efforce chaque jour de démontrer qu'on peut s'en sortir avec un minimum d'éthique.
    Je vais même jusqu'à penser qu'il vaut mieux mourir digne que de vivre en ayant vendu ce qu'on a de plus noble.
     Appel à l'INTÉGRITÉ.



    Le deuxième et dernier mot serait HISTOIRE.
    Ce mot appelle à un autre regard sur l'Afrique. Corriger l'image que ma communauté se fait d'elle même.
    L'Afrique est le berceau de l'humanité. lLe berceau des civilisations ,de l'écriture, des sciences et des religions.
    Des millénaires avant le reste de la planète , la Civilisation noire a réalisé son idéal civilisationnel et a maintenu sa souveraineté pendant au moins une trentaine de siècles en colonisant le reste de la planète.
    C'est Cette Afrique impériale qui doit rentrer dans nos manuels scolaires et dans nos mémoires.
    Elle peut et doit servir de modèle pour envisager l'avenir du continent et de ses fils aujourd'hui
    Kemet, Kongo, Ilé, Ifé , Mali, Monomotapa, Kwa zulu, Ghana, Songhaï, Loango etc.
    Les plus belles civilisations noires se son succédées sur les quatre coins du sol africain ( et même ailleurs ).
    En étudiant l'Histoire de notre continent à l'abri des histoires qu'on nous enseigne communément
    on réapprend l'unité des peuples auxquels on appartient et on réapprend une Fierté que 400 ans d'agression nous ont fait oublier.
    Merci beaucoup ÉKOMY É MONE NDONG MBA